Depuis quelques jours, des articles fleurissent sur internet proposant de faire un test avec ses doigts. Celui-ci permettrait de déceler une malformation résultant d’un cancer du poumon. Or, selon l’Institut Curie, ce cancer est “le plus meurtrier en France” avec quelque 33 117 décès et 46 363 nouveaux cas de cancer rien qu’en 2018. De fait, repérer cet hippocratisme digital a laissé l’espoir à de nombreuses personnes de pouvoir détecter un éventuel cancer du ou des poumons au plus tôt pour un diagnostic précoce. Un dépistage du cancer rapide permet en effet de lancer un traitement du cancer plus rapide et donc ayant de meilleures chances de réussite pour les patients atteints. Néanmoins, s’agit-il d’une vraie information ou d’une intox ? Grand-mère vous dit tout sur ce “diagnostic de cancer” qui divise !
Le test de Schamroth passé à la loupe
C’est dans les colonnes du Huffington Post que tout a commencé. Le 27 novembre dernier, ce grand média a révélé le témoignage de Emma Norton, une infirmière en oncologie. Cette Britannique a à cette occasion délivré tous les secrets du test de Schamroth, un test qui serait selon elle utilisé par les professionnels eux-mêmes et que chacun peut faire à la maison en quelques secondes pour détecter un cancer du poumon. Il se réalise en plaçant les mains dans la même position que pour faire un cœur avec les mains et en collant les index l’un contre l’autre. Ensuite, il faut observer ses cuticules. D’après elle, chez une personne en bonne santé, un losange apparaît au niveau de l’espace entre les deux doigts. Si ce n’est pas le cas et qu’il y a une déformation des doigts, cela serait le signe d’une maladie potentielle, notamment le cancer. Cela peut aussi être un signe de mésothéliome, un type de cancer virulent, mais rare.
Crédits : Flickr/John Campbell
Lorsque le cancer est déclaré, il peut effectivement altérer la forme des doigts et causer des déformations graduelles des mains. La base des ongles et les cuticules changent également, devenant plus souples et brillantes. Petit à petit, la forme de l’ongle change et il prend une forme plus courbée. Néanmoins, le changement se fait au fil du temps et ne saute pas aux yeux à moins de chercher spécifiquement à le repérer. C’est là que le test peut se montrer utile !
Peut-on se fier à ce test pour détecter un cancer du poumon ?
Tout d’abord, il faut savoir que ce type d’hippocratisme digital (ou déformation des doigts) n’est pas lié qu’au cancer du poumon. En effet, d’autres affections pulmonaires et cardiovasculaires peuvent en être la cause. En outre, rappelons que selon le Cancer Research UK, seuls 35% des patients souffrant de ce cancer développent ce symptôme. Cela représente donc un tiers seulement des malades. Aussi, il convient de prendre ce test avec la plus grande prudence, car le résultat ne signifiera pas automatiquement que vous avez un cancer ! Par exemple, nos doigts peuvent gonfler avec la chaleur. Pour autant, cela ne signifie pas qu’il faut s’inquiéter. Par contre, au moindre doute, mieux vaut consulter son médecin généraliste.
Garder un oeil sur les autres signes du cancer du poumon
Crédits : Pixabay/Kalhh
Au regard des incertitudes liées à cette méthode, Emma Norton appelle à surveiller d’autres signes indiquant un cancer du poumon. C’est aussi un avis que partage Laurent Plantier, pneumologue à Tours dans l’édition du soir de Ouest-France. Il dit d’ailleurs qu’il inviterait “même les gens qui feraient le test et auraient le signe à se rassurer, ça ne prouve rien. (…) Ce qui me dérange ce n’est pas que les gens aillent consulter un médecin pour rien, à la limite ce ne serait pas grave. Mais le danger serait qu’ils négligent d’autres symptômes parce qu’ils n’ont pas d’hippocratisme digital. Pour moi, c’est complètement idiot, soyez donc prudents. »
Les symptômes courants du cancer du poumon incluent :
- Une toux persistante qui ne part pas après deux ou trois semaines ou accompagnée de sang
- Des pertes de souffle régulières ou une respiration sifflante
- Des infections respiratoires qui reviennent à répétition
- Une fatigue installée, un manque d’énergie
- Des douleurs en respirant ou toussant ainsi qu’une difficulté à avaler
- Une douleur persistante dans la poitrine ou l’épaule
- Des pertes de poids ou pertes d’appétit inexpliquées
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